Baku City, Az-BAKU 2013 © Vugar Amrullayev

Grandes ambitions urbaines de Bakou – Azerbaïdjan

Flame Towers, Az-BAKU 2013 © Niyaz Bakili

Flame Towers, Az-BAKU 2013 © Niyaz Bakili

L’Azerbaïdjan – la première chose qui nous vient à l’esprit – c’est le pétrole. Cela paraît évident car il est devenu il y a 150 ans le premier pays où le pétrole a été extrait industriellement. Puis, en 1901, le pays a représenté 50% de la production pétrolière mondiale. Sans parler du fait que, pendant la seconde Guerre mondiale, ce pays du Caucase se situant sur la ligne de division entre l’Europe et l’Asie, a fourni à lui seul plus de 70% de la totalité de l’approvisionnement en pétrole de l’Union soviétique. Après la fin de la guerre, la première ville appelée « Pierres de pétrole » fut construite en pleine mer dans la capitale azerbaidjanaise sur les estacades pour le développement de l’industrie pétrolière marine.

Mais les richesses naturelles nationales ne sont jamais restées dans le pays. Après 200 ans de domination russe, le pays est devenu indépendant en 1991 et a pu poursuivre sa modernisation avec une forte dynamique.

Le dynamisme montre également les ambitions de la nation. Les ambitions politiques, économiques et urbaines commencent à une échelle régionale à partir de l’année 2005. C’est en effet la date de lancement d’un des plus grands projets pétroliers en Europe « Bakou-Tbilissi-Ceyhan ». Désormais, le pays ayant bien pu utiliser sa position géostratégique en orientant ses projets énergétiques vers l’Europe, il est confronté de nouveaux questionnements : comment développer l’image du pays ? Comment marquer son existence dans le monde ?

Baku plan, Az-BAKU 2013 © State Urban Planning and Architecture Committee of Azerbaijan

Baku plan, Az-BAKU 2013 © State Urban Planning and Architecture Committee of Azerbaijan

Bakou, une capitale de 3 millions d’habitants, a repris une vaste partie de ce développement. Entre palais délirants et architecture soviétique, Bakou a aussi des airs de Dubaï. Malheureusement, durant les premières années d’indépendance, le gouvernement n’a pas pu arrêter le développement chaotique de la ville, directement lié aux revenus pétroliers. Cela a perturbé la vue générale de la ville car la structure de Bakou, en forme d’amphithéâtre, est unique. C’est d’ailleurs à Bakou où la présence de l’eau en termes d’amphithéâtre géométrique est, pour la première fois, mise en avant comme un facteur de développement de structuration de la ville.

Les Champs Elysées de Bakou et ses édifices

L’Avenue Neftchilar (environ 3.6 km) est un axe majeur, qui crée le tissu urbain de la ville. En tant que célèbre avenue de la capitale, elle a joué un rôle primordiale sur le développement futur de la ville. C’est une longue avenue en bord de mer, accueillant plusieurs symboles de la ville historique et moderne tels que le Musée national du tapis, le Centre international du Mugham, la vieille ville, la Tour de la Vierge, Hôtel Hilton, le palais du Gouvernement, le Parc Bulvar, les Fonds pétrolier d’État de l’Azerbaïdjan etc.

Il se situe parallèlement au parc maritime de Bakou qui est similaire à la Promenade des Anglais à Nice. Ce parc maritime, large de 100 m et long de 3,7 km, est l’une des curiosités de la ville et le lieu de repos préféré des habitants et des visiteurs de Bakou. Après sa reconstruction, prévue jusqu’en 2015, il devrait être agrandi pour atteindre 25 km de long.

International Center of Mugham, Az-BAKU 2013 © Heydar Aliyev Foundation

International Center of Mugham, Az-BAKU 2013 © Heydar Aliyev Foundation

Un des édifices originaux de l’avenue Neftchiler est  le Centre International du Mugham, qui rappelle par sa forme un instrument traditionnel de la musique azérie. Le centre s’étale sur une superficie totale de 7500 m2 et dispose d’une salle de concert de 350 personnes. Dans le hall sont exposé vus des bustes de célèbres chanteurs mugham, ainsi qu’une riche collection d’instruments de musique.

Sur la même avenue, le complexe Port Baku Residence s’ouvre vers la mer Caspienne. Trois tours d’appartements résidentiels à 32 étages proposent 900 logements et une zone bâtie totale de 375.000 m².

Lorsqu’on entre sur l’avenue Heydar Aliyev c’est-à-dire dans l’espace architecturale contemporain de la ville, on découvre le Centre Culturel Heydar Aliyev : un complexe monumental qui comprend un centre des congrès, un musée, une bibliothèque et un parc d‘une superficie de 9 hectares. L’auteur de cet édifice futuriste est Zaha Hadid, une architecte irako-britannique, première femme à obtenir le prix Pritzker (le prix Nobel de l’architecture) en 2004.

Heydar Aliyev Cultural Centre, Az-BAKU 2013 © Vugar Amrullayev

Heydar Aliyev Cultural Centre, Az-BAKU 2013 © Vugar Amrullayev

Même depuis les points les plus éloignés de la ville, on peut remarquer cet énorme complexe résidentiel en verre, haut de 190 mètres, dans le style  highrise. The Flame Towers  sont complètement recouvertes avec des écrans LED qui affichent le mouvement d’un feu visible (voir première image ci-dessus). L’architecte américain Hellmuth, Obata + Kassabaum est l’auteur de cette œuvre estimée à 350 millions d’euros. Sa construction a débuté en octobre 2007 et elle a été inaugurée en avril 2012.

De la « ville noire » à la « ville blanche »?

Le projet Baku White City est sans aucun doute une bonne démarche pour le développement marketing de la ville et l’amélioration de son image. Le projet est construit à partir d’un noyau de la ville dans un territoire industriel d’environ 221 ha. Cet espace est appelé aujourd’hui « Ville Noire » en raison de la contamination du territoire par le pétrole et les déchets industriels issus de l’époque soviétique. Le projet, prévu pour 50 000 habitants, dépasse la taille de la Principauté de Monaco. Il prendra une place très importante dans le futur développement de la capitale et jouera un rôle majeur dans la réorganisation des réseaux de transport de la ville.

Baku White City, Az-BAKU 2013 © Baku White City

Baku White City, Az-BAKU 2013 © Baku White City

Le projet est directement inspiré (« benchmarking ») de la Défense en région parisienne ; le premier quartier d’affaires européen par l’étendue de son parc de bureaux. Il comprend également la création de quartiers haussmaniens à Bakou appartenant à l’idée d’un « Bakou – Paris de l’Orient ». La nouvelle station de métro Khaqani, faisant partie du projet Baku White City, reliera en souterrain l’ouest et l’est de la ville.

Le métro de Bakou a été mis en service en 1967 pour desservir la capitale. Il comprend actuellement deux lignes avec une longueur totale de 34,6 km et 23 stations.

Bakou à la « conquête » de l’Ouest

Dans l’objectif de développer l’image de la ville, le pays a investi dans Eurovision Song Contest en comprenant le niveau d’influence de ce concours. En effet, après l‘avoir gagné à Düsseldorf en Allemagne, la ville a accueilli le 57e concours Eurovision de la chanson en mai 2012 à Baku Crystal Hall. Cet édifice, à proximité immédiate de la place du drapeau national et d’une capacité de 23 000 places, a été construit par l’agence allemande Alpine Bau Deutschland AG.

Le 8 Décembre 2012, à la 41e Assemblée générale du Comité olympique européen à Rome, il a été décidé d’organiser les premiers Jeux européens. L’Assemblée a été suivie par 49 Comités Nationaux Olympiques. Bakou a remporté les droits pour accueillir les Jeux européens inauguraux en 2015. C’est un événement multisports pour les athlètes européens et 49 pays européens sont attendus pour participer aux Jeux Européens inauguraux. Le programme des Jeux Olympiques comprendra 15 des 28 sports olympiques d’été. La cérémonie d’ouverture des Jeux Européens de 2015 devrait avoir lieu dans le stade olympique de Bakou, actuellement en construction. A l’heure actuelle, 36 complexes sportifs olympiques sont en service en Azerbaïdjan.

Buildings on Neftchiler Avenue, Az-BAKU 2013 © Vugar Amrullayev

Buildings on Neftchiler Avenue, Az-BAKU 2013 © Vugar Amrullayev

Des projets urbains ou pas seulement?

Ces projets font parti de la croissance économique du pays mais ce ne sont pas seulement des projets. C’est également une façon d’affirmer sa place dans le monde.

Aujourd’hui la production pétrolière journalière du pays est de 24 000 tonnes. Selon les estimations, le revenu à obtenir sur la production de pétrole et de gaz naturel sera à proximité de 200 milliards dollars dans les 20 prochaines années.

Nous sommes confrontés à ces questions : ces projets ont été réalisés en 20 ans d’indépendance du pays. Désormais, que pourra nous présenter Bakou, en termes de projets architecturaux, dans les 20 prochaines années ? Jusqu’où iront ses objectifs urbains ? Toujours dans la recherche de nouveaux objectifs urbains, jusqu’où se développera la ville ? Quoi qu’il en soit, Bakou sera toujours à la recherche de nouveaux sommets.

Auteur: Tural Aliyev

Featured image is property of Vugar Amrullayev

 

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